L’EFT (Emotional Freedom Techniques) est une technique de thérapie brève de plus en plus utilisée pour se libérer des émotions du quotidien (stress, angoisse, anxiété, colère, tristesse) mais qui est aussi redoutablement efficace pour les traumatismes plus importants type Charlie Hebdo, Nice ou Berlin. Découvrez la dans cette interview très intéressante de Jean-Michel Gurret (podcast d’une interview vidéo), fondateur de l’IFPEC et formateur en EFT.
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Transcriptions texte de l’interview :
David Barbion : « Alors, bonjour à tous. C’est David Barbion du blog jecontrolemoncerveau.com. Aujourd’hui, je suis ravi de pouvoir interviewer Jean-Michel Gurret. Jean-Michel Gurret qui est un spécialiste de l’EFT et qui vient de sortir un nouveau livre sur l’EFT pour les enfants qui s’appelle “Fini les chagrins, les peurs et les colères”. Alors bonjour Jean-Michel. »
Jean-Michel Gurret : « Bonjour David, bonjour à tous. J’ai le plaisir de vous le montrer, de vous montrer la une de cet ouvrage qui est sorti en fait le 16 août donc un peu pendant la période estivale et qui commence à se développer et les ventes marchent plutôt bien. »
DB : « OK d’accord. Alors est-ce que tu pourrais dans un premier temps, Jean-Michel, tu le feras mieux que moi, te présenter. »
Jean-Michel Gurret : « Oui, donc je suis psychothérapeute depuis quelques années, je suis installé en temps dans un cabinet en libéral depuis 2005. Initialement, j’ai démarré avec l’hypnose et puis par la suite j’ai acquis d’autres nouveaux outils comme l’EMDR au départ. J’ai rencontré l’EFT, Emotional Freedom Technique, donc technique de libération émotionnelle dans les années 2005 et j’ai commencé à m’y intéresser et puis j’ai beaucoup consulté en utilisant cet outil. J’étais assez enthousiaste et assez étonné des résultats obtenus. On en parlait tout à l’heure avec David qui a les mêmes genres de résultats et je le partage aussi avec d’autres stagiaires. Et donc, j’ai eu l’idée de développer la notoriété, enfin j’ai voulu apporter la pierre à l’édifice. Donc, j’ai commencé à écrire un premier ouvrage et puis d’autres se sont enchaînés. J’ai créé l’IFPEC qui est l’Institut Français de Psychologie Energétique Clinique en 2012 et qui est devenu une école importante dans le domaine de l’enseignement de la transmission de la psychologie énergétique dont fait partie l’EFT. Voilà. »
DB : « D’accord. Alors, moi, je connais. Beaucoup de personnes commencent à connaître l’EFT, mais est-ce que tu pourrais expliquer aux auditeurs qui n’ont jamais entendu parler ou qui connaissent mal ce que c’est l’EFT à la base : à quoi ça sert et qu’est-ce que c’est ? »
Jean-Michel Gurret : « Alors, l’EFT déjà découle d’une autre méthode qui s’appelle la Thérapie du Champ Mental qui a été découverte par hasard par un docteur en psychologie du nom de Roger Callahan qui est décédé il y a quelques années et qui en travaillant avec une patiente qui avait des phobies était bien embêté parce qu’en fait ça devait un an qu’il multipliait les séances sans aucun résultat. Alors, il faut savoir que c’est un docteur en psychologie avec une formation classique qui ensuite avait évolué dans, s’était formé aux thérapies cognitivo-comportementales mais pas que avec à l’hypnose également et à tout un tas d’autres modalités. Et cette patiente très très résistante, il essayait de la rapprocher de sa piscine puisque son cabinet était à son domicile. Chaque fois qu’elle s’approchait de l’eau parce qu’elle était vraiment aquaphobe plus plus on va dire, et bien, elle avait des sensations d’inconfort telles qu’elle était obligée de s’arrêter. Alors il essayait des techniques de relaxation, de respiration, d’hypnose, etc. et rien n’y faisait, elle n’arrivait pas à se déconditionner. Et un jour où elle était particulièrement mal et qu’elle se plaignait d’avoir des sensations bizarres dans l’estomac, comme il se formait à la médecine traditionnelle chinoise, il a eu l’idée de stimuler un point qui est le début, l’entrée du méridien de l’estomac, ça lui est venu comme ça, un peu en désespoir de cause. Et donc, sa patiente a commencé à se stimuler de cette manière-là. Et il écrit dans son livre : en moins d’une minute, j’ai vu une transformation physique sur elle. Elle s’est levée et elle lui a dit “Docteur, c’est terminé”. Et alors, il pensait au départ, c’est terminé la sensation désagréable dans l’estomac, mais en fait pas que puisqu’il la voit partir en courant vers sa piscine et là il se dit “il y a quelque chose de très bizarre.” D’autant plus que le lendemain matin, elle lui passait un coup de fil et elle lui dit “Docteur, vous savez ce que j’ai fait hier soir ? J’ai pris ma voiture, je suis allée jusqu’à l’océan, je suis rentrée à mi-cuisse.” Sa terreur principale c’était l’océan, elle était incapable de longer l’océan sur l’autoroute qui est en Californie. Donc de là, il s’est dit “Il y a un truc, j’ai mis le doigt sur quelque chose.” C’est le cas de le dire. Il a commencé à faire des recherches pour essayer de comprendre qu’est-ce qui se passait. Et en fait, il a utilisé d’autres outils : la kinésiologie appliquée, etc., et il a mis en place une méthode thérapeutique qu’il a appelée la Thérapie du Champ Mental. Et puis sa notoriété a commencé à grandir et un jour, Gary Craig qui était à l’époque un jeune ingénieur, enfin pas si jeune que ça d’ailleurs, mais ingénieur en électricité qui est très intéressé par le développement personnel entend parler de lui, suit son enseignement, je crois même qu’il devient son assistant passé une époque, il pratique beaucoup et puis je pense qu’il a un esprit cartésien, il s’est dit “Mais pourquoi compliquer les choses ?” parce qu’en fait Callahan avait mis en place ce qu’il avait appelé des algorithmes et pour un symptôme, il y avait une stimulation précise dans un ordre précis de certains points d’acupuncture. Par exemple pour un trauma, on va commencer à stimuler ce point-là, puis un point qui est situé sous l’œil, puis un point qui est situé sous le bras, puis sous les clavicules dans cet ordre-là. Et Craig remet ça un peu en cause. Et en fait ce qu’il fait, c’est qu’il met une seule routine où on enchaîne la stimulation de tous les points. Il part du principe que qui peut plus peut le moins, donc on stimule tous les points d’acupuncture, il n’y a même pas d’ordre défini car on pourrait les stimuler dans n’importe quel ordre. Et il observe dans sa pratique que ça fonctionne bien. Et en fait ce qu’il a fait, c’est que partant de la thérapie du champ mental, il a simplifié, simplifié, simplifié cette méthode jusqu’à en faire un outil enfin qu’il a appelé l’EFT — Emotional Freedom Technique — comme je disais tout à l’heure. Et cet outil est tellement simple qu’il peut se transmettre via internet, il peut s’apprendre très facilement en lisant un livre pour travailler sur soi bien sûr. Et donc ça a entrainé une sorte de phénomène de contagion, un phénomène viral en fait sur internet et aujourd’hui on estime que plus de certains chiffres dit 10 millions et d’autres plus de personnes qui utilisent au quotidien l’EFT. Voilà. Alors donc, cette technique où tu me posais la question de savoir mais comment, qu’est-ce que c’est, comment ça marche et bien c’est une technique qu’on dit psychocorporelle de relaxation. Pourquoi psycho parce qu’on va penser à un problème, quand on pense à notre problème et bien on s’active émotionnellement, si c’est par exemple un traumatisme que j’ai vécu il y a quelques années et que c’est quelque chose qui me touche encore, c’est encore actif, peut-être que les larmes vont venir. Et bien pendant que je suis concentré sur cet événement, je vais stimuler un ensemble de points donc qui se trouvent sur le visage, sur le torse et sur les mains qui sont les points d’entrée ou de sortie des méridiens, d’énergie utilisée par la médecine traditionnelle chinoise le long desquels on plante des aiguilles d’acupuncture. L’intérêt, c’est que les outils, on les a sur nous, on utilise 2 doigts de chaque main et on stimule ces points. Et quand on stimule ces points, et bien il se passe un enchaînement de réactions dans le corps, dans le cerveau qui fait qu’on va calmer l’amygdale cérébrale qui est le centre émotionnel et notamment de la peur. Et puis on va activer le système parasympathique qui est une des 2 branches du système nerveux autonome et qui engagerait une réaction de calme, on va stimuler plus de bons neurotransmetteurs et plus de bonnes hormones et moins des autres : par exemple, on va doper la production de DHEA et stopper, diminuer, réduire, à voire supprimer la production de cortisol excédentaire. »
DB : « Est-ce qu’on a, excuse-moi, est-ce qu’on a mesuré ça scientifiquement ? Est-ce qu’on a fait des études là-dessus ? »
Jean-Michel Gurret : « Alors bien sûr, il suffit d’aller sur le site de l’IFPEC par exemplewww.ifpec.org pour pouvoir accéder à plus d’une centaine d’études. Ce qu’il faut savoir c’est que souvent on imagine que les États-Unis sont un pays très ouvert où les nouvelles thérapies fleurissent et se développent largement. En fait, pas du tout ! Il y a autant de réticences qu’en France. Donc quand l’EFT et d’autres techniques puisque le champ de la psychologie énergétique clinique regroupe plus d’une quarantaine de techniques différentes, ces personnes se sont structurées, se sont regroupées au début des années 2000, fin des années 90 en fait pour créer une association qui s’appelle l’ACEP — l’Association américaine de psychologie énergétique intégrative — donc en fait ils se réunissent entre eux, et ils ont commencé à produire des études qui ont été assez mal vues, la méthodologie a été affinée de ces études et en fait après 10 – 12 ans de bagarre, ils ont été officiellement reconnus par l’APA. L’APA c’est l’Association des Psychologues Américains et c’est vraiment une association qui fait autorité aux États-Unis puisqu’elle délivre des crédits formations sachant que les professionnels de la santé mentale doivent se former chaque année, ils ont un système de formation continue et les techniques qui sont validées et reconnues donnent droit à obtenir ces crédits-là. Et donc ils ont obtenu ça, mais en 2012 seulement, ça fait 4 ans, c’est-à-dire hier. Et c’était un agrément à titre provisoire qui a été renouvelé l’année dernière en 2015. Donc aujourd’hui, l’association des psychologues américains reconnait la validité. Il n’y a pas que l’association des psychologues américains parce qu’il y a des associations de médecins qui viennent se former en masse à ces techniques parce que ça permet aussi de réduire la douleur par exemple et d’avoir un effet sur beaucoup beaucoup de symptômes différents aussi bien physiques que physiologiques et psychologiques. Et donc ces études sortent en permanence, par exemple, le 19, je fais de la veille, et le 19 septembre, il y a une étude qui est sortie, c’est une étude, c’est un essai randomisé contrôlé donc c’est l’étalon or en matière, dans le domaine de la psychologie : ce qu’on appelle le Golden Standard. C’est une étude qui porte sur 63 étudiants HP, précoces en fait, et ces 63 étudiants étaient répartis en 3 groupes de 21 étudiants d’une manière aléatoire et on a pris un groupe sur lequel, ce sont dés étudiants qui sont à la fois aux potentiels intellectuels, mais qui sont tous anxieux, donc ils ont été répartis dans 3 groupes : un groupe qui va être traité avec l’EFT, un groupe qui est traité avec les thérapies cognitivo-comportementales et un groupe test en fait avec lequel on va ne rien faire. Et donc, on leur fait remplir un questionnaire validé avant l’expérimentation et après, et comme ça pour les 3 groupes. Et en fait ce qu’on a, le résultat de cette étude qui est visible sur des bases de données publiques, le résumé et l’abstract, vous tapez Pubmed ou Sayans, vous accédez directement au résumé de cette étude, n’entre qu’en fait, montre l’efficacité de l’EFT comparativement aux thérapies cognitivo-comportementale. En fait, si on regarde, il y a aussi des métaétudes qui ont été réalisées, c’est-à-dire des études sur les études. Ce qu’on observe par rapport à la psychologie énergétique et l’EFT, c’est que toutes les études concourent vers un seul résultat, ce qui prouve l’efficacité de l’EFT et qui est au moins égal aux meilleures des thérapies si ce n’est supérieur. »
DB : « Oui, c’est vrai que quand on voit une démonstration d’EFT, moi, la première fois que je t’ai vu faire une démonstration d’EFT, c’est vrai que la méthode est un peu bizarre, ça fait un peu quelque chose qui est un peu étonnant du type on pense à quelque chose de sectaire, donc c’est important d’avoir ces différentes études qui crédibilisent la démarche sachant qu’avec l’EFT on a quand même des résultats qui sont assez extraordinaires. Est-ce que tu peux nous parler justement de, peut-être soit faire une petite, une mini-démonstration pour que les gens voient ce que c’est que l’EFT en fait en concret ou est-ce que tu pourrais nous parler de la façon que tu as de présenter l’EFT à tes patients ou à tes étudiants de manière à ce qu’ils puissent en parler assez facilement autour d’eux ? »
Jean-Michel Gurret : « Alors, au départ j’avais tendance à le présenter à mes patients et presque pour me justifier parce que comme tu le disais effectivement, c’est une technique qui quand on la regarde pour la première fois ou qu’on découvre ça sur internet, on se dit “Houla, ils sont un peu bizarres ces gens-là.” Pourquoi ? Parce qu’elle est hyper simple, c’est il y a même un côté un peu enfantin, c’est-à-dire qu’on stimule comme ça, on fait de petits tapotements, d’ailleurs moi j’évite d’utiliser le mot “tapotements” pour ne pas en rajouter, je parle de stimulations qui se font sur des points d’acupuncture, on stimule 7 à 10 fois chaque point et puis ensuite on tourne comme ça et on continue. En fait, des études qui ont été menées pendant 10 ans à la Medical School Harvard, donc la fac médicale d’une des plus prestigieuses universités au monde. Pendant 10 ans, un groupe de chercheurs a observé ce qui se passait quand on stimulait des points d’acupuncture au niveau du cerveau. Et on s’est aperçu de la correspondance : par exemple, si on stimule un point qui s’appelle VJ 67 qui se trouve sur le côté extérieur du petit doigt, et bien il se passe quelque dans la zone du cortex visuel. Et ce qui est surprenant, c’est que les Chinois depuis 5000 ans utilisent ce point-là pour traiter des problèmes qui sont en lien avec la vue. Donc, on est en train de découvrir ce que font les Chinois et pas seulement eux d’ailleurs depuis 5000 ans, bien finalement, ça a une action sur le cerveau. L’équipe de Harvard a mis en évidence l’action de la stimulation de certains points d’acupuncture sur l’amygdale cérébrale. L’amygdale cérébrale à ne pas confondre avec ces amygdales-là, ce sont 2 petites glandes qui sont dans le cerveau limbique et qui sont impliquées dans la gestion d’un grand nombre d’émotions dont la peur. Et donc en fait, on désactive la réaction de peur quand on stimule des points d’acupuncture. Et c’est là que ça devient intéressant parce que quand on a vécu un traumatisme, si le traumatisme, il n’est pas, on n’arrive pas à le digérer, on va dire simplement comme ça grâce avec le temps qui passe, avec l’environnement, etc., dans certains cas ça se fait et dans d’autres cas ça se fait pas. Si le traumatisme n’est pas digéré, et bien il est impossible de l’intégrer dans son histoire de vie, c’est-à-dire que le traumatisme va être revécu en permanence. Je suis confronté à un stimulus X ou Y, si c’est le même avec lequel j’étais en présence au moment du trauma par exemple un son fort comme le pot d’échappement d’une voiture qui va se mettre à claquer, qui va me faire penser à un claquement que j’aurais vécu parce que j’étais dans une fusillade, et bien je vais déclencher la même émotion que j’ai vécue à ce moment-là. Et ça, et bien c’est incontrôlable et on peut faire beaucoup de thérapies, il y en a plein qui ne fonctionnent pas, en tout cas les thérapies par les paroles ne marchent pas, ce n’est pas parce qu’on va essayer de se raisonner que ça va changer quelque chose. »
DB : « Est-ce que ce n’est pas parce que les émotions sont bloquées au niveau du cerveau limbique que c’est plus profond que le travail que l’on pourrait faire par la parole, et donc il faut agir à un niveau plus profond pour que ça débloque l’émotion un petit peu comme une bulle d’air qu’on débloquerait quelque part sous une roche dans la mer ? »
Jean-Michel Gurret : « Alors, ce n’est pas qu’une bulle d’air. En fait, il y a des études, des travaux, notamment ceux de Bosacker qui est un Américain, qui ont montré qu’au moment, en fait la règle c’est les neurones qui sont activés ensemble se lient ensemble et donc ils se réactivent. Et en fait dans l’amygdale, il y a des noyaux en fait qui constituent ces amygdales et il y a des connexions synaptiques qui se créent entre les neurones. Et tant que ces connexions perdurent, et bien on a la réaction qui se déclenche automatiquement. Et en fait le but et l’objectif qu’on cherche avec l’EFT quand on travaille avec nos patients, c’est d’obtenir ce qu’on appelle la reconsolidation de mémoire. La reconsolidation de mémoire, c’est-à-dire qu’on va avoir une déconnexion des liens qui maintenaient les réactions émotionnelles incontrôlables et inconscientes. Donc en fait, la connexion va aller se mettre ailleurs et à partir du moment où on aura fait ça, et bien, fini. On garde le souvenir du traumatisme, les souvenirs autobiographiques sont encodés dans une partie du cerveau qui est différente de la mémoire émotionnelle, on appelle ça l’hippocampe et c’est là que sont stockées la mémoire de ce qu’on a vécu. L’émotion qui est liée au souvenir, elle est stockée dans l’amygdale et donc en fait ce qu’on arrive à faire c’est donner la possibilité à la personne de se rappeler ce qu’elle a vécu, mais ce coup-là de ne plus rien déclencher même en présence d’un stimulus qui l’activait auparavant. »
DB : « D’accord. Alors concrètement Jean-Michel, tu veux dire qu’une personne peut venir avec un traumatisme par exemple : quelque chose dans laquelle elle est bloquée depuis peut-être des mois, des années, des dizaines d’années et tu vas stimuler des points précis qui vont permettre à ce traumatisme d’être digéré ? C’est ça en ultra rapide, ce serait un peu ça ? »
Jean-Michel Gurret : « Oui, j’ai eu l’occasion de travailler aussi bien avec des militaires, des pompiers, des policiers, des victimes d’attentats récents. »
DB : « Tu as travaillé en Haïti aussi, je crois ? »
Jean-Michel Gurret : « Oui, des victimes du tremblement de terre d’Haïti. On y est allé un peu plus d’un an après le tremblement de terre. Et donc, on a pu à cette occasion, vérifier, enfin travailler avec des personnes qui sont en état de stress post-traumatique, c’est-à-dire qu’ils revivent tous les symptômes comme par exemple des cauchemars, des réveils nocturnes, qui font de l’évitement, qui sont en hypervigilance tout le temps et qui sont complètement activés. Par exemple, en Haïti, on est arrivé le matin, j’expliquais ce que c’était que l’EFT, il y a un avion qui est passé juste sur la tente où on faisait la formation, on la faisait dans une tente parce que les gens ne pouvaient plus rentrer dans des bâtiments tellement qu’ils étaient traumatisés, ce qui était aussi un des symptômes du stress post-traumatique, et même il y en avait, ils ne pouvaient même pas être sous la tente, ils étaient à l’extérieur de la tente. Quand l’avion est passé, il y a à peu près 30 % de la salle qui s’est jetée par terre. C’est un réflexe, c’est un réflexe qui a été conditionné par ce qu’ils ont vécu auparavant. On a profité de ça et je leur ai dit “Voilà, pour vous qu’est-ce qui s’est passé ?” Alors, il y en a qui ont dit “Bah, j’ai entendu des tremblements. Enfin, j’ai ressenti des tremblements.”, l’autre c’est “J’ai entendu du bruit.” Et on a intégré ça dans une phrase qui est un peu bizarre, je le concède, en stimulant cette partie de la main, je leur ai fait dire “Même si j’ai entendu ce bruit assourdissant et que j’ai ressenti ces vibrations et que ça m’a fait penser au tremblement de terre, je m’accepte tel que je suis.” On fait cette phrase et ensuite on commence à stimuler des points. Et en stimulant ces points, l’objectif est de rester concentré sur ce souvenir. Donc chacun répétait des phrases comme “J’ai entendu ce bruit, ça m’a fait penser au tremblement de terre.” En réalité ça leur a fait penser à des scènes différentes pour chacun puisqu’ils n’ont pas vécu la même chose, mais ça faisait écho en eux. Et donc ça réactive cette sensation de peur et pendant ce temps ils stimulent ces points. Le fait d’enchaîner des rondes et des rondes de stimulation désactive l’amygdale cérébrale. Donc on arrive à des conditionnements de la réaction tout simplement. Et donc au bout de quelques minutes, ils se sentaient beaucoup plus relâchés, on a partagé ça tous ensemble. L’après-midi, il s’est passé le même phénomène, un autre avion est passé, même genre, même bruit, mêmes vibrations, personne ne s’est jeté par terre. »
DB : « C’est vrai que l’EFT ça peut-être très rapide comme thérapie ? Des fois en quelques minutes, c’est ça qui est étonnant. »
Jean-Michel Gurret : « Moi, je n’insiste pas sur le côté très rapide parce qu’après les gens ils ont tendance à penser que c’est magique, miraculeux, etc. Pas du tout, ça dépend des troubles et des fois, bon on est souvent surpris c’est vrai de la rapidité. Si je reste sur l’exemple d’Haïti, on peut voir les vidéos sur internet : j’ai demandé un volontaire pour une démonstration, le jeune homme qui se lève, il a des béquilles et en fait, il a une jambe qui a été coupée au niveau de sa jambe droite. Et il arrive en disant “Ben, ça fait 15 jours que je n’ai plus d’antalgique, je n’ai pas les moyens d’en acheter et j’ai vraiment des douleurs extrêmement fortes et le pire c’est que j’ai des douleurs dans le pied que je n’ai plus.” Donc ce qu’on appelle le syndrome du membre fantôme. On a commencé à travailler avec lui, la douleur est passée de 8 à 2. Il en restait, mais c’était déjà beaucoup plus tolérable. Il a continué le travail, le lendemain on a refait une séance. Quand il témoigne, il dit qu’il n’a quasiment plus de douleurs. On est parti sur une deuxième mission, un peu plus d’un an après le tremblement de terre et le prêtre, puisqu’on était dans le cadre du Grand séminaire d’Haïti, me dit “Ah non, non, mais il n’a plus aucune douleur, d’ailleurs il joue au foot avec les autres.” Je me suis dit “Mais comment ça il joue au foot avec les autres ? Il est arbitre ou… ?” Il me dit “Non, non, non, il court avec les autres.” Donc j’imagine que la douleur… effectivement ! Alors ça a été spectaculaire parce que très rapidement il y a eu une diminution de la douleur, mais ça a été d’autant plus efficace que lui a pris le relais et a continué à travailler tout seul sur ses douleurs. Et ça, c’est aussi quelque chose qui mérite d’être vraiment souligné : c’est l’autonomisation de nos patients. C’est-à-dire qu’on va réduire le nombre de séances et accélérer la rapidité du traitement d’autant plus que nos patients vont travailler eux entre les séances. Ca on le voit vraiment… »
DB : « D’accord ! Donc si je comprends bien, si je comprends bien c’est une technique simple que chacun peut apprendre de manière à travailler sur ses traumas, sur ses blessures, sur ses problèmes intérieurs ? »
Jean-Michel Gurret : « Oui ! Tout en ayant conscience d’une chose : c’est très simple à apprendre pour s’en servir sur soi, c’est beaucoup moins simple à apprendre pour s’en servir sur les autres. Et là, c’est là où on constate souvent un souci. Pourquoi ? Parce que quand on travaille sur soi, on a nos propres systèmes de protection qui sont en place. Si par exemple, je suis dissocié et que je vais travailler sur moi par rapport à un problème que j’ai vécu, mais qui était très très lourd, je n’arriverais pas forcément à y aller. Pourquoi ? Parce que mon mécanisme de protection est super efficace et je n’irais pas, donc je ne risque pas de me faire mal, je ne risque pas de décompenser en fait. Maintenant, c’est une technique permissive, simple, efficace, etc., car plein plein d’avantages. Et en fait, il ya des personnes qui après avoir obtenu de supers résultats sur eux se disent “Ah ben, c’est tellement simple que je vais regarder 3 vidéos et lire 2 livres et puis je vais pouvoir commencer à l’appliquer sur les autres.” Et c’est là qu’on risque d’avoir un problème parce que sur des problèmes sérieux, mais qui ne touchent pas les fondamentaux psychologiques de la personne et bien ça fonctionne super bien. Mais si on est, on se retrouve en face d’une personne qui a des troubles mentaux et qu’on ne connait pas ni les troubles ni le fonctionnement psychologique des gens d’une manière générale, etc., on risque de faire du dégât même si ça arrive une fois, c’est une fois de trop quoi. »
DB : « Évidemment, tu as raison de le dire, j’imagine qu’on trouve de tout sur internet : du bon comme du moins bon. Donc, toi, est-ce que tu donnes des cours par rapport à ça, est-ce que tu permets à des personnes qui le souhaiteraient d’être formées en EFT ? »
Jean-Michel Gurret : « Alors, bien sûr ! C’est la raison d’être de l’IFPEC. Comme on existe depuis maintenant pas mal d’années et qu’on propose une certification qui est reconnue et donc plusieurs personnes, enfin un grand nombre de personnes viennent nous voir. Au départ quand on a démarré, tout le monde était un peu mélangé, donc on pouvait très bien retrouver une personne qui venait en formation pour elle ou pour ses petits-enfants avec un psychologue ou psychiatre, et ça posait évidemment des problèmes de rapidité de l’enseignement, certaines personnes posaient des questions qui étaient vraiment un peu basiques. Donc, on a aujourd’hui segmenté les populations. On a une formation et c’est le principal pour l’instant de notre activité qui est destinée aux personnes qui sont déjà des soignants, déjà des thérapeutes qui peuvent être des psychologues — des psychiatres — des psychothérapeutes – des psys quelque chose on va dire, des thérapeutes, en tout cas qui ont déjà une pratique de l’accompagnement. Pourquoi ? Parce qu’on va leur apprendre l’outil, mais que l’outil, il ne s’utilise pas n’importe comment dans n’importe quel cadre. Donc, ils ont déjà cette connaissance et ça permet d’aller très vite sur l’essentiel. Donc on a beaucoup de thérapeutes, mais on a aussi des coachs, une proportion de coachs qui est en augmentation parce que c’est un outil qui peut s’intégrer, s’insérer dans la pratique du coaching. Ensuite les personnes qui venaient pour elles disaient “Mais et nous alors, on ne peut plus accéder à ces formations ?” Ben non ! Vous ne pouvez pas y accéder. En revanche, on a développé spécifiquement pour ces personnes des séminaires qu’on appelle “L’EFT pour moi”, c’est-à-dire qu’elles viennent l’apprendre pour elles-mêmes. Et donc, dans ces formations, on va faire un travail sur soi et on va voir comment utiliser efficacement l’EFT. Et puis il y a une troisième catégorie de personnes et ça, c’est plus récent, cette formation, ce sont des personnes qui ont une erreur d’aiguillage dès le départ par exemple : “Papa, Maman voulait qu’on soit dans la comptabilité ou l’informatique, etc.” Et puis arrivé à 40 – 45 ans, ça commence à vraiment être pesant et on se dit “J’ai voulu toujours être dans la relation, aider des gens donc j’aimerais bien pouvoir changer de voie.” Le problème c’est que l’Éducation nationale ne permet pas de faire ces formations. Pour faire une formation par exemple dans une technique thérapeutique reconnue officiellement, il faut déjà avoir un Master II en psychologie et c’est difficile quand on a un travail, une famille, des obligations, etc. que de repartir en Fac 5 ans, réussir à avoir le diplôme puis faire ensuite une formation qui va durer X années en psychothérapie, c’est quasiment impossible ! Donc, nous ce qu’on a fait, c’est une formation spécifique pour cette catégorie de personnes qui veulent faire une reconversion, adaptée à leurs contraintes, c’est-à-dire qu’il y a 2 jours de formation : un vendredi, un samedi, ce qui n’occulte pas complètement le week-end durant 11 mois, donc ça fait 2 jours durant 11 mois pendant 3 ans. Donc on a 66 jours de formation durant lesquelles on va commencer à apprendre les bases de la psychologie, ce qui va permettre à la personne de comprendre comment se développe un être humain. Puis on va parler de la psychopathologie, c’est-à-dire toutes les maladies mentales, ce qui est vraiment hyper important parce que ça va nous permettre ou ça va permettre aux personnes en reconversion de savoir avec qui est-ce qu’elles ont en face d’elles et donc de savoir si je peux travailler avec ce patient ou je le réfère à un spécialiste. Voilà, bon il ya une progression de cette formation : bien évidemment, on découvre l’EFT, le Matrix Reimprinting qui est une évolution on va dire de l’EFT, etc. Voilà, donc 3 catégories de personnes qui sont bien segmentées. »
DB : « On mettra les liens pour sur concernant ton école sous la vidéo bien sûr avec les liens vers les vidéos d’Haïti ou d’autres ressources comme ça qui pourraient être intéressantes pour les gens qui nous écoutent. Et j’avais une dernière question Jean-Michel pour toi, c’est tu as écrit plusieurs livres sur l’EFT. Tu as écrit : l’EFT pour les nuls, l’EFT Maigrir et rester mince avec l’EFT, l’Emotionnelle… la Libération émotionnelle avec l’EFT pardon, et tu viens de sortir donc ce dernier livre qui concerne apparemment les enfants, sur comment traiter les émotions, les chagrins, les peurs, les tristesses des enfants, qu’est-ce que tu peux nous dire en 2 mots sur ce livre dont je mettrai le lien aussi sous la vidéo, il n’ya a pas de problème. Qu’est-ce qu’il va apporter ? Est-ce que c’est un livre qui va apprendre justement aux enfants à se servir de cette technique simple et efficace pour gérer leurs émotions ? »
Jean-Michel Gurret : « Ce livre-là, il s’adresse d’abord aux parents pour qu’ils puissent comprendre comment utiliser l’EFT intelligemment avec leurs enfants. C’est-à-dire qu’il n’est pas question de supprimer les émotions. Les émotions, elles sont toutes bonnes, il n’y a pas d’émotions négatives. Souvent on emploie ce terme à tort, même des gens qui savent que c’est à tort l’emploi. Les émotions sont adaptatives, elles sont là pour nous permettre d’adopter un comportement par rapport à l’extérieur, elles sont là pour nous protéger en fait. La colère par exemple est une émotion chargée en énergie qui nous permet d’agir, de nous défendre, de poser des limites, etc. La tristesse aussi, je vous renvoie au film absolument génial qui s’appelle “Vice-versa”, Inside Out qui a été traduit en français par vice-versa où on voit justement que la joie a besoin de la tristesse pour exister et vice-versa. Donc en fait, on va apprendre aux parents, à la Maman qui… mais même, avant on peut s’en servir dans les problèmes de procréation par exemple, d’angoisses, de se dire “Ouh là là” “Oui”, etc. Enfin toutes les angoisses qui passent, quand la Maman est enceinte, avant qu’elle soit enceinte. Et puis ensuite on va apprendre comment travailler spécifiquement avec un nouveau-né. Parce qu’on peut être avec un nouveau-né, évidemment on ne va pas stimuler comme ça : on peut juste masser, caresser le point ou par procuration c’est-à-dire le faire soi-même, sur soi-même pour l’enfant. Enfin, ensuite, on va s’intéresser à la période 0 – 2 ans, 2 à 6, 6 à 10, 10 – 12 et au-delà. Pourquoi ? Parce qu’en fait, on va travailler avec l’EFT d’une manière différente en fonction du taux vibratoire, de la fréquence vibratoire du cerveau. De 0 à 2 ans, l’enfant par exemple, je citerai juste ça, est un fonctionnement en nombre delta, c’est-à-dire que c’est les ondes de sommeil profond. Et donc dans cette période, il dort beaucoup et il fait des apprentissages aussi en masse. D’ailleurs jusqu’à 6 ans, de 2 à 6, il passe en thêta qui sont les ondes de l’hypnose profonde, c’est la période où on engrange énormément d’informations. Donc en fonction de ces âges, les fréquences vibratoires étant différentes, l’utilisation de l’EFT va être un peu différente. Donc on apprend aux parents à l’appliquer sur leurs enfants, on leur apprend à transmettre aux enfants, les enfants ensuite vont s’en servir sur eux, ça c’est l’objet de la deuxième partie. La troisième partie est consacrée aux parents parce qu’en fait en chacun d’entre nous sommeille un enfant, et que donc on va retransmettre des choses à nos enfants. Les enfants sont des éponges émotionnelles et des miroirs émotionnels donc la première chose qu’ils vont apprendre avant même la parole, c’est le langage émotionnel de leurs parents. Plutôt que de vouloir travailler sur les enfants, autant travailler sur nous. Je veux dire si on leur transmet nos valises, on pose nos valises et les enfants, ils réagissent immédiatement même, pas besoin d’aller travailler avec eux. Donc voilà, l’objectif de ce premier livre sur les enfants, il va être suivi par un cahier d’exercices pour la famille, il va être suivi par un livre spécifiquement pour les enfants, c’est-à-dire, bon ça reste encore dans les projets. Il y a également d’autres livres qui sont en cours de préparation, il y en a un sur les kilos émotionnels qui est signé donc qui va bientôt, qui est en cours de production et qui sortira l’année prochaine. J’en ai également un sur l’EFT et les maladies chroniques comme le cancer, il y en a sur le stress, il y en a beaucoup d’autres qui sont prévus. »
DB : « D’accord ! On mettra tous les liens qu’on peut mettre sous la vidéo. Est-ce que pour finir Jean-Michel, tu as un dernier mot, un mot de la fin concernant l’EFT ? »
Jean-Michel Gurret : « Ben, écoute, le dernier mot c’est “Merci” pour toi de m’avoir invité ici et pour développer aussi un peu. Merci de m’avoir fait part de ton témoignage parce qu’on s’est connu c’était en 2009 au sein de l’Arche, l’école d’hypnose à Paris, c’est là que toi tu as découvert l’EFT et comme moi tu intègres la pratique de l’EFT dans l’hypnose et l’hypnose dans l’EFT et réjoui, ravi des résultats que tu peux obtenir et donc voilà pour ton témoignage merci et pour cette invitation. »
DB : « Oui merci à toi et c’est pour ça que je voulais vraiment t’interviewer aujourd’hui parce que c’est vrai que c’est une thérapie, bon tu l’as un petit peu développée là pour expliquer les tenants et les aboutissants, mais c’est vrai que c’est une thérapie relativement simple, mais très efficace. Et moi je trouve que le plus important c’est les résultats et l’efficacité donc c’était important qu’on puisse en parler ensemble aujourd’hui. Merci beaucoup pour ton témoignage. Merci à vous d’avoir écouté cette vidéo jusque, d’avoir vu et regardé et écouté cette vidéo jusqu’à la fin. À bientôt pour une prochaine. Bye bye ! »
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Interview très interessante . Merci! Encore une jolie preuve que notre cerveau ne nous a pas encore tout révélé!Et apprendre à le maîtriser un peu changer bien des choses.
Edwige (http://apprendre-mode-d-emploi.com )
Merci pour votre commentaire, Edwige. Votre travail a l'air d'aller dans ce sens aussi. Peut-être l'occasion d'une future collaboration?... ;-)